Une coalition d’ONG congolaises et internationales a demandé à l’Agence française de développement (AFD) d’abandonner l’un de ses projets financés par le fonds Cafi (Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale), estimant qu’il mettra en péril les forêts du Bassin du Congo.

Le programme, financé à hauteur de 12 millions de dollars par le Cafi et 4 millions de dollars par l’AFD, vise à créer une politique permettant une gestion durable des ressources forestières, avec un accent mis sur la gestion des concessions communales ou communautaires. Objectif : développer des modèles qui pourront être réplicables dans le reste du pays. « Les gouvernements français et norvégien se trompent gravement s’ils pensent qu’ils peuvent sauver une forêt en coupant des arbres », a déclaré Jo Blackman de Global Witness, dans un communiqué signé par une coalition d’ONG.

La coalition d’ONG s’inquiète d’une série de mesures prévues dans le projet, comme la levée du moratoire sur l’allocation de nouvelles concessions forestières industrielles en RD Congo en place depuis 2002 ou des financements pour les entreprises forestières. Des mesures qui ne vont faire qu’aggraver la déforestation, selon ces ONG. « Il ne faut pas se tromper de combat : le projet que porte l’AFD renforce l’observateur indépendant et la gouvernance locale pour lutter efficacement contre la déforestation », rétorque Frédérique Willard, chef de projets de la division agriculture, développement rural et biodiversité à l’AFD, pour qui les mesures critiquées par les ONG ne sont pas au centre du programme.

« En plus de détruire une forêt qui abrite plusieurs espèces sauvages rares, telles que les bonobos, et d’affecter les conditions de vie des habitants des forêts, ce programme, s’il est mis en œuvre, pourrait être responsable de l’émission de 610 millions de tonnes de CO2, soit presque autant que le secteur international de l’aviation en 2015 », dénoncent les ONG, dont Global Witness, Rainforest Foundation et Greenpeace. Des estimations contestées par l’AFD. « Il s’agit d’émissions sur une durée de 25 ans, qui dans le rapport [des ONG] sont comparées avec des valeurs d’émissions annuelles du secteur aérien », assure l’agence dans sa note technique de réponse aux ONG.

Ces dernières doutent aussi des « opportunités de développement économique », avancées par l’AFD. L’initiative CAFI vise à lutter contre la déforestation et la dégradation des zones forestières en Afrique centrale, avec plus de 240 millions d’hectares, dont 155 millions en RD Congo. Elle rassemble le Cameroun, la République centrafricaine, la RDC, la Guinée équatoriale, le Gabon et le Congo-Brazzaville. La RD Congo et le fonds Cafi avaient signé, en avril 2016, une lettre d’intention en vue d’une aide de près de 200 millions de dollars pour la protection des zones forestières.

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