C’est après une semaine de crise politique inédite dans le pays que surviennent encore ces manifestations, où l’armée a pris le contrôle et assigné le président à résidence.
Alors que les tractations continuent pour qu’il quitte le pouvoir, Robert Mugabe est désormais appelé à démissionner par la rue. Des milliers de Zimbabwéens ont manifesté dans la capitale, Harare, samedi 18 novembre, pour demander le départ du président zimbabwéen, progressivement lâché par ses plus fidèles alliés.

Ces manifestations ont débuté dans la matinée pacifiquement, clôturent une semaine de crise politique inédite au

Zimbabwe, où l’armée a pris le contrôle du pays et assigné à résidence le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1980.

Les manifestants se sont assis sur la chaussée, en signe de protestation, à quelque 200 mètres du palais présidentiel.

« Trop, c’est trop, Mugabe doit partir », « Repose en paix, Mugabe », « Non à la dynastie Mugabe » , pouvait-on lire sur des pancartes des manifestants euphoriques.

« On a attendu trop longtemps ce jour » , a expliqué l’une des manifestantes Emma Muchenje, dans un concert de klaxons assourdissant. « Ce sont des larmes de joie. J’ai attendu ce jour toute ma vie » , s’est réjoui Frank Mutsindikwa, un homme brandissant un drapeau zimbabwéen.

Une mobilisation appuyée par l’armée

L’intervention de l’armée représente un tournant dans le long règne de Robert Mugabe, marqué par la répression de toute opposition et une grave crise économique. Environ 90 % de la

population active est au chômage. « J’ai 30 ans. Imaginez-vous. Je n’ai jamais travaillé, et cela à cause du régime Mugabe. Donc, on demande du changement » , a déclaré Kelvin Shonhiwa, un manifestant interrogé par l’AFP et qui agitait un drapeau national.

Les manifestants ont répondu à l’appel des anciens combattants du pays – acteurs incontournables de la vie politique – et de mouvements de la société civile, dont le mouvement ThisFlag du pasteur Ewan Mawarire, un des acteurs-clés d’une fronde anti-Mugabe réprimée en 2016 par les forces de sécurité. La mobilisation était appuyée par l’armée, qui a pris cette semaine le contrôle du pays.

Les soldats étaient présents samedi dans les rues de Harare, mais cette fois-ci les manifestants les saluaient, et leur serraient la main. Certains étaient même munis des

portraits du chef d’état-major, le général Constantino Chiwenga, qui « appuie pleinement » les manifestations.

Les discussions avec Mugabe piétinent

Dans la nuit de mardi à mercredi, l’armée est intervenue – sans effusion de sang – à Harare en soutien à Emmerson Mnangagwa, limogé une semaine plus tôt de son poste de vice-président. Elle a placé en résidence surveillée le président Mugabe, qui est cependant autorisé au coup par coup à se déplacer.

Vendredi 17 novembre, il a fait sa première apparition publique depuis le coup de force militaire, lors d’une cérémonie de remise de diplômes universitaires à Harare. Il n’a pas fait de discours et a somnolé, comme il le fait régulièrement en public, assis dans un immense fauteuil de bois et de cuir.

Pour l’instant, les discussions piétinent et le président Mugabe s’accroche au pouvoir. L’armée s’est cependant félicitée vendredi d’avoir enregistré des « progrès significatifs » dans la purge qu’elle conduit contre des proches du couple présidentiel.

Fort de l’intervention de l’armée, Emmerson Mnangagwa, qui avait fui le pays après son éviction, est rentré au Zimbabwe jeudi. Il n’est pas encore apparu en public, mais son nom circule pour prendre la direction d’une éventuelle transition politique. Samedi, des manifestants brandissaient son portrait.

© AFP via Wab-infos 

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