Dans le nord du Soudan du Sud, la crise alimentaire atteint des niveaux critiques, la sécheresse qui frappe actuellement l’Afrique de l’Est s’ajoutant aux malheurs d’un pays à l’économie exsangue en raison d’une guerre civile dévastatrice.

La région de Bahr el-Ghazal, dans le nord-ouest, où un journaliste de l’AFP a pu se rendre récemment, est relativement épargnée par les combats qui ont toujours cours dans d’autres parties du pays, mais la population y est confrontée à la faim.

Dans la ville d’Aweil, le centre de santé géré par Médecins Sans Frontières (MSF) enregistre chaque semaine quelque 60 nouveaux patients souffrant de malnutrition.

« Ce n’est pas une disette complète mais il y a vraiment des pénuries. Nous avons parfois de la nourriture à la maison mais il y a des moments où il n’y en a pas du tout », déclare posément Lucia Adeng, maman d’un petit enfant de trois ans, Wek Wol Wek, dont les bras malingres et le souffle court témoignent de la gravité de la situation.

Plusieurs autres enfants en bas âge, tout aussi affaiblis, se laissent ausculter en silence par les médecins.

Dehors, dans les champs environnants, Tong Deng, cultivateur, jette un regard désabusé sur ses plans faméliques de sorgho, une céréale qui ne requiert pourtant pas beaucoup d’eau.

« Notre récolte est faible parce que pendant la période des semences, nous avions très faim et nous n’étions pas en mesure de bien cultiver la terre », explique M. Deng.

« Et le peu que nous avons cultivé a souffert de la sécheresse qui n’a pas permis une bonne germination », ajoute-t-il, mentionnant également les effets destructeurs de moucherons qui s’attaquent aux cultures.

Le résultat est frappant au marché local: les rares étals ouverts sont à peine achalandés et plusieurs autres tout simplement fermés.

– 40% de la population a besoin d’aide –

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), quelque 4,8 millions de Sud-Soudanais, soit environ 40% de la population, nécessitent une aide alimentaire.

Quant à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sa structure dédiée à la surveillance de l’insécurité alimentaire alertait le mois dernier sur le fait que des foyers faisaient face à la famine.

Outre la sécheresse, le pays a vu son économie finir de s’effondrer à la suite de la flambée de violences qui a opposé en juillet dans la capitale Juba les troupes du président Salva Kiir à celles loyales à son ex-vice-président Riek Machar, désormais en exil.

Ces combats ont fait fuir de nombreux opérateurs économiques, notamment des commerçants ougandais et kényans qui étaient au coeur de l’importation de nourriture dans le pays.dfeSPLA

Et l’insécurité sur les principaux axes routiers, notamment vers l’Ouganda, où des chauffeurs de poids-lourds ont été victimes d’embuscades mortelles par des groupes armés, a largement perturbé l’afflux de nourriture et provoqué une hausse vertigineuse de l’inflation. Selon le bureau sud-soudanais des statistiques, les prix de certaines céréales ont explosé de plus de 1.000% depuis juillet dans certains États du pays.

Selon la FAO, plus de 70.000 habitants de la région de Bahr el-Ghazal se sont réfugiés ces derniers mois au Soudan voisin, venant grossir les rangs des quelque 2,5 millions de Sud-Soudanais qui ont fui leur foyer depuis le déclenchement en décembre 2013 de la guerre civile qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts.

Un accord de paix entre les camps de Salva Kiir et Riek Machar avait fait naître de timides espoirs en août 2015 mais les combats de juillet ont replongé le pays dans une grande instabilité.

Ces dernières semaines, les grandes villes de Malakal et Leer ont ainsi été le théâtre d’affrontements meurtriers, entraînant le déplacement de dizaines de milliers de personnes et perturbant là-aussi les activités des cultivateurs et des éleveurs, laissant craindre une aggravation de la situation humanitaire.

LNT avec Afp

 
 
 

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