Le FLN a annoncé, dimanche, la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la présidence algérienne. Une décision qui masque mal les craintes de la sphère politique, qui, au vu de la santé dégradée du chef d’État, essaye de préparer l’après-Bouteflika.

L’annonce du Front de libération nationale (FLN), dimanche 28 octobre, n’a pas calmé les spéculations sur la candidature du président algérien Abdelaziz Bouteflika au scrutin présidentiel prévu en avril 2019 en Algérie. Lui-même n’a pas confirmé sa participation à l élection, pas plus que son entourage.

À 81 ans, diminué par les séquelles de l’accident vasculaire cérébral (AVC) dont il a été victime en 2013, le chef d’État algérien ne correspond pas au profil idéal d un candidat à la présidentielle. Pour ne rien arranger, la récente crise au Parlement, où un nouveau président a été élu alors même que le mandat de l’ex-chef de l’Assemblée populaire nationale (APN) est encore valable, est venue rajouter à l’inquiétude politique ambiante.

Pour le sociologue algérien Nacer Djabi, la candidature d’Abdelaziz Bouteflika est loin d’être acquise étant donné son état de santé. Sa capacité physique à assurer le pouvoir pour un cinquième mandat sera la grande inconnue de cette campagne électorale. Une mise à l’écart de l’homme d’État pourrait ouvrir la voie à une crise politique redoutée par le FLN et la population.

Nacer Djabi : Un président de la République en Algérie n’a pas besoin de soutien. Le point de vue des Algériens compte peu, car c’est une machine électorale qui produit leurs élus depuis 1962. La population n’est pas dupe et avec le temps la grande majorité s’est désintéressée du scrutin, elle ne vote pas. Mais cette fois, c’est un peu différent. Les Algériens ont peur de cette élection car il y a une incertitude quant à la candidature de Bouteflika, au vu de son état de santé qui ne s’améliore pas. Il ne s;est pratiquement pas exprimé depuis 2012, il ne bouge pas, il ne voyage pas, il reçoit très peu, le conseil des ministres a quasiment disparu… Les gens se demandent s’il est encore possible d’avoir un président candidat dans cet état. Que se passera-t-il dans le cas où il se retrouve en incapacité totale, sans même pouvoir se maintenir sur un fauteuil? Et s’il est élu en avril 2019, combien de temps parviendra-t-il à tenir, sachant que le mandat présidentiel dure cinq ans? Nous avons l’habitude des annonces de dernière minute. En 2014, Abdelaziz Bouteflika n’avait confirmé sa candidature que deux mois avant le scrutin. Mais cette fois, on a senti un doute s’installer. Les Algériens préféreraient rester avec un homme qu’ils connaissent, assez prévisible, plutôt que de vivre une crise politique, où les décideurs ne parviendront pas à s’entendre.

Justement, l’Algérie vit une crise parlementaire avec l élection anticonstitutionnelle d un nouveau président à l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse du Parlement) pour remplacer Saïd Bouhadja. Que révèle cette crise sur la situation politique algérienne?

En elle-même, cette crise ne paralyse pas du tout la vie politique algérienne. Il faut dire que le rôle de l’APN est assez minime. C’est une machine à valider des textes que le gouvernement propose. Il y a très peu de vie législative propre. Ce que dit cette crise, c’est surtout que la caste politique prépare le scénario post-Bouteflika, dans le cas où il ne se présenterait pas à l’élection. On ne peut pas dire que Saïd Bouhadja [président de l APN jusqu à 2022 selon la Constitution, NDLR] soit connu pour être un anti-Bouteflika. S il se représente, Bouhadja est acquis. Dans le cas contraire, il n est pas certain qu il soutiendra un autre candidat. Les tenants du pouvoir préfèrent avoir quelqu’un à la tête de l’APN qui n’opposera aucune réticence, une personnalité dont ils sont sûrs de la fidélité le moment venu, au cas où il faudrait se mettre d’accord sur le nom d’un autre candidat.

Si Bouteflika ne confirme pas sa candidature, qui pourrait se présenter à la présidence algérienne?

C’est loin d’être clair, car la classe politique est d’accord avec un scénario selon lequel Bouteflika sera maintenu pour un cinquième mandat. Et si ce n est pas le cas, il faudra alors travailler très dur pour arriver à un consensus. Le système politique algérien ne produit pas d’élite politique. Il ne permet pas à des personnalités de se distinguer. On a pensé à un certain moment au général Abdelghani Hamel, l’ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN). Il avait quelques éléments en sa faveur: il est jeune, issu d’une nouvelle génération, c’est un ancien militaire, il commençait même à acquérir une dimension internationale. Il avait beaucoup d’atouts, mais il a été limogé dans des conditions troubles qui ont sonné la fin de sa carrière politique.

Wab-infos avec FLN

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