On aurait tort de limiter les haut-le-cœur à la grossesse et aux troubles digestifs. C’est un symptôme à part entière, dont de nombreux organes se saisissent pour exprimer le trouble qui les affecte. A commencer par le cerveau. Petite revue de détail des maux qui soulèvent le cœur.

Une crise de migraine

Cette intense douleur pulsatile, qui prend en étau la moitié du crâne durant 4 à 72 h, entraîne des nausées « chez 40% des migraineux à chaque crise, tandis que 90% en souffrent régulièrement. Et, chez les enfants, la migraine peut se manifester exclusivement par des nausées, sans aucune douleur. On a longtemps cru à des « crises de foie« , alors qu’il s’agit d’une migraine », clarifie la neurologue Carole Séréni, auteur de Douleurs chroniques et opiacés (éd. du Cerf). Pour autant, ces nausées ne sont aucunement un symptôme digestif, mais cérébral. « La migraine entraîne des modifications dans certaines zones du cerveau, qui interviennent dans le contrôle du corps, et cela active, en particulier, les voies neurologiques qui pilotent les nausées« , décrypte le Dr Séréni.

La solution : Prendre, dès les prémices de la crise la condition pour une efficacité optimale, un traitement anti-migraineux spécifique, comme les triptans. « Ces molécules, réservées aux personnes qui font moins de quatre crises par mois, jugulent les nausées autant que la douleur. Il est déconseillé de prendre un anti-nauséeux en plus, car ces derniers sont apparentés à des neuroleptiques et, migraine après migraine, cela peut entraîner des complications« , souligne la neurologue. Si les crises sont très fréquentes, un traitement de fond continu peut-être envisagé.

Une crise d’appendicite

Cette inflammation aiguë de l’appendice, le fin segment (5 à 10 cm de long pour 4 à 8 mm de diamètre), situé sur le gros intestin, irrite et enflamme partiellement le péritoine, la membrane qui enveloppe les organes de l’abdomen. Or, « toute inflammation du péritoine associe des nausées, car le nerf vague transmet neurologiquement cette information, ce qui déclenche des réactions réflexes sous forme de nausées », décode le Pr Robert Benamouzig, chef du service gastro-entérologie au CHU Avicenne de Bobigny. A savoir: il n’y a pas toujours de douleurs abdominales.

La solution: Aujourd’hui, « dans plus de 60% des cas, on évite la chirurgie, un traitement antibiotique suffit, après réalisation d’un scanner pour valider le diagnostic et le degré d’atteinte », rassure le Pr Benamouzig. L’antibiothérapie est d’abord administrée par voie intraveineuse à l’hôpital durant quelques jours puis poursuivie à domicile en comprimés. Néanmoins, « on opère si le patient est fragile et/ou s’il y a un abcès ou une péritonite », complète le spécialiste.

Une hépatite virale A

C’est en consommant des aliments contaminés par ce virus (fruits de mer…), qu’on la développe. « Les nausées apparaissent dans la phase aiguë de l’hépatite (mais pas chronique). Souvent, les conjonctives de l’œil sont également jaunes, traduisant une jaunisse, et on éprouve une grande fatigue », précise le Pr Victor de Lédinghen, chef du service d’hépatologie au CHU de Bordeaux.

La solution : « Il n’y a pas de traitement contre ce virus, d’où l’importance de se faire vacciner, car cela peut être grave parfois, même si on guérit toujours, dans 100% des cas », rassure l’hépatologue. Pour faciliter le rétablissement, il convient d’écarter tout ce qui est toxique pour le foie (alcool, excès de sucre, de gras, tabac…) et de se reposer.

Un ulcère gastroduodénal

Dans 80 à 95% des cas, ces lésions de la muqueuse de l’estomac ou du duodénum (entre l’estomac et l’intestin grêle) sont causées par la bactérie Helicobacter Pylori. Il n’y a parfois aucun symptôme, mais, fréquemment, des douleurs au creux de l’estomac, sous la pointe du sternum, se doublent de nausées. Un repère: « Les douleurs apparaissent à distance du repas et elles sont soulagées par celui-ci, mais elles reviennent assez rapidement après en cas d’ulcère de l’estomac », précise le Pr Benamouzig.

La solution : La thérapeutique est double: Un médicament permet la cicatrisation de la muqueuse, en limitant les sécrétions acides digestives, durant 4 à 6 semaines. En parallèle, une antibiothérapie d’une semaine permet d’éradiquer la bactérie. Une endoscopie digestive est réalisée en fin de traitement pour le confirmer.

Une indigestion

Ce syndrome est consécutif à une surcharge alimentaire, en volume et/ou en calories, notamment lipidiques. Face à la saturation gastrique inhabituelle, une stase s’installe, qui perturbe le processus digestif, tandis que la vésicule biliaire peine à sécréter suffisamment de sels biliaires, indispensables à la digestion.

Conséquences: des nausées, voire des spasmes digestifs. Toutefois, le stress provoque aussi des indigestions sans excès de table, du fait des connexions neuronales entre le cerveau et le système digestif.

La solution : Bien s’hydrater d’eau et d’infusions anti-nauséeuses et digestives (gingembre, fenouil, menthe poivrée, thym…). « Eventuellement, on peut prendre un anti- spasmodique, mais le mieux est de laisser le corps se réguler seul », conseille le Pr Benamouzig.

Et si c’était une hypoglycémie ?

Lorsque l’organisme, et le cerveau en particulier, manquent de sucre, son carburant, les hormones insuline et glucagon, chargées de le réguler, déclenchent l’état d’urgence. A la clé, nausées, papillons devant les yeux ou vertiges. Croquer illico dans du sucré (chocolat, biscuit…) suffit à les effacer et à reprendre des forces en quelques minutes.

Nausées : un véritable signal d’alerte qu’il faut savoir prendre en compte

L’avis de l’expert : Pr Robert Benamouzig, chef du service gastro-entérologie au CHU Avicenne de Bobigny. Il n’y a pas de « petite » nausée, soit on est nauséeux, soit on ne l’est pas. C’est un véritable signal d’alerte. Pour autant, ce n’est pas forcément grave. Si elles surviennent durant un ou deux jours, sans autre signe, on reste attentif, sans s’inquiéter. En revanche, on consulte si elles se répètent sur plusieurs jours consécutifs et/ou si on a aussi de la fièvre, une diarrhée, perdu du poids ou des douleurs. Par ailleurs, beaucoup de médicaments les favorisent, s’ils sont pris à jeun. Veillez à les accompagner d’une compote ou d’un laitage. Enfin, les toxi-infections alimentaires, causées par les salmonelles, la listeria etc. (fromages, charcuterie), déclenchent des nausées soudaines entre 5 à 72 h après la consommation (avec de la fièvre, des céphalées…). Mieux vaut consulter.

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