Le chef de l’Etat congolais est attendu en France puis en Allemagne pour consolider les liens entre Kinshasa et l’Europe, après une visite officielle en Belgique.

Invité d’honneur du Forum sur la paix de Paris, le nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, multiplie les voyages à l’étranger pour sortir son immense pays de l’isolement, au nom de son développement et de la stabilité en Afrique centrale. Le président Tshisekedi est attendu du lundi 11 au mercredi 13 novembre en France puis en Allemagne pour consolider les liens entre Kinshasa et l’Europe, après une visite officielle en Belgique, l’ancien colonisateur, en septembre.

En chemin, il s’est arrêté en Ouganda pour évoquer avec son voisin le président Yoweri Museveni la question stratégique de la lutte contre les groupes armés dans l’est de la RDC. Ce réchauffement des relations avec Kampala avait été précédé dès mars-avril par le rétablissement des liens de bon voisinage avec le Rwanda, autre pays directement concerné par la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs.

Depuis son investiture le 24 janvier, le président congolais a visité plus de vingt pays, dont certains plusieurs fois, pour des rencontres bilatérales ou multilatérales. Il a commencé par l’Afrique (Angola, Rwanda, Ethiopie), puis les Etats-Unis, le Japon, la Belgique, la Russie et même la Serbie, pays assez peu tourné vers le continent.

Le contraste est saisissant avec son prédécesseur Joseph Kabila, qui hésitait à quitter la RDC par peur des tensions politiques à la fin de son règne entre 2015 et 2018 (report des élections en 2016, manifestations, répression sanglante). Joseph Kabila s’accrochant au pouvoir, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) ont sanctionné son régime. Kinshasa s’est braqué en retour avec l’expulsion de l’ambassadeur de l’UE et le refus d’observateurs étrangers pour les élections de décembre 2018 notamment.

« Rétablir les liens bilatéraux et multilatéraux »

« Le pays a souffert ces deux ou trois dernières années d’une forme d’isolement liée à la rupture entre l’ancien régime et ses partenaires », constate l’ambassadeur itinérant de l’actuel chef de l’Etat, Nicolas Kazadi. « Il fallait rétablir les liens aussi bien bilatéraux que multilatéraux, ainsi qu’en direction des institutions financières », ajoute-t-il.

A ce titre, le Fonds monétaire international (FMI) a dépêché deux missions en RDC en juin et novembre, une première depuis 2015. Kinshasa espère que le FMI lui accordera un programme et des facilités de crédit d’ici à la fin de l’année. Snobé par Joseph Kabila en 2018, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a été reçu par M. Tshisekedi début septembre à Kinshasa et la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) s’apprête à renouveler son mandat en RDC malgré les urgences ailleurs sur le continent.

La diplomatie apparaît aussi comme une arme à usage interne pour le président de la République, qui gouverne en coalition avec les forces de son prédécesseur, ultra-majoritaires au Parlement. Aux Etats-Unis début avril, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo avait soutenu son « programme de changement, axé sur la lutte contre la corruption, le renforcement de la gouvernance, la promotion des droits humains ».

A Washington, le président congolais avait lui-même demandé l’aide des Etats-Unis et affirmé sa volonté de « déboulonner le système dictatorial qui était en place » en RDC. Ces déclarations lui avaient valu un rappel à l’ordre de ses alliés pro-Kabila, qui avaient dénoncé des « attaques gratuites ».

Délégations pléthoriques

En RDC, les déplacements multiples du président font grincer quelques dents. « Le président de la République itinérant Félix Tshisekedi a entamé ce dimanche matin une visite officielle en RDC », ironisait le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) début octobre.

Lucha suggérait au président de consacrer plus de temps entre deux voyages à l’étranger aux questions intérieures, à commencer par le grand chantier de la gratuité de l’enseignement primaire. Lucha dénonce aussi les délégations pléthoriques qui accompagnent le président, avançant le chiffre de 117 personnes pour son dernier déplacement en Ouganda.

Au 31 mai, la présidence congolaise avait déjà « consommé près de 98 % » de son budget 2019, selon le magazine Jeune Afrique citant un document du ministère du budget. Ces déplacements agacent même parmi les partisans du président. « Dans les provinces, tout le monde l’attend. Il va commencer à visiter les provinces en 2021 ou 2022 ? », réagit Julia, pourtant militante pro-Tshisekedi.

Depuis avril, le président Tshisekedi a effectué une douzaine de déplacements à l’intérieur de la RDC, principalement à l’est, où la lutte contre les groupes armés implique aussi de bonnes relations avec l’Ouganda et le Rwanda.

Avec Lemonde.fr

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